Rupture du Tocilizumab dans les pharmacies du Royaume: Le laboratoire Suisse Roche tourne le dos aux maladesMarocains, les associations appellent le ministère de la Santéà agir (Communiqué de presse)

Depuis plusieurs semaines, le laboratoire Roche a arrêté de fournir au Maroc son médicament Tocilizumab (commercialisé sous le nom ACTEMRA ®  ou ROACTEMRA ® ) laissant de nombreux malades atteint de diverses
maladies chroniques dans le désespoir et privant le Royaume d’un des rares médicaments jugés efficaces et recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) contre le COVID-19. Les associations Marocaines regroupées au sein du Collectif pour le droit à la santé interpellent le ministère de la santé pour mettre fin à cette pénurie en recourant à l’import de versions génériques du médicament et en encourageant la production locale.

Porté par le succès du Tocilizumab contre le COVID-19 et l’explosion de la demande mondiale, Roche a décidé de ne plus fournir son médicament à de nombreux pays en développement dont le Maroc et de se focaliser sur le marché des pays riches jugé beaucoup plus lucratif pour le laboratoire. Pourtant, le médicament est également indiqué dans le traitement de nombreuses pathologies chroniques lourdes dont la polyarthrite rhumatoïde, la maladie de Horton, l’artérite à cellules géantes chez les patients adultes, l’arthrite juvénile idiopathique poly articulaire chez les patients âgés de deux ans et plus, et l’arthrite juvénile idiopathique systémique. De nombreux
malades marocains et leurs familles désespèrent depuis des semaines pour se soigner dans l’indifférence totale du laboratoire avide de gains et l’absence d’action du ministère de la Santé.


A ce jour, le laboratoire Roche était le principal fournisseur du médicament au Maroc et aucune version générique n’existe sur le marché national. Le retrait de Roche du pays, signifie une condamnation de ces malades mais aussi priver la riposte nationale contre le COVID-19 d’un médicament clé qui peut jouer un rôle clé dans la diminution de la mortalité et la réduction du besoin de ventilation mécanique invasive chez les patients gravement atteints.


« C’est l’histoire des vaccins qui se répète : la montée du nationalisme sanitaire dans les pays riches qui s’accaparent les stocks des médicaments et la course avide aux gains des laboratoires pharmaceutiques qui préfèrent servir le plus offrant. Les malades dans les pays en développement souffrent devant l’indifférence des autorités sanitaires. La situation devient insoutenable et l’Etat se doit d’agir », a déclaré Aziz Rhali , Président de l’Association Marocaine des droits de l’Homme (AMDH).

Plusieurs associations Marocaines œuvrant dans le domaine de la santé, regroupées au sein du Collectif pour le droit à la santé appellent le ministère de la Santé de palier au plus vite à cette pénurie de Tocilizumab en faisant pression sur le laboratoire (sous menace de représailles) pour des livraisons urgentes, en important des versions génériques là où elles existent et surtout en développant, dès maintenant, un plan de production locale en partenariat avec l’industrie nationale du médicament.


Selon Marwa El Harrar, chargée de plaidoyer à l’Association pour l’accès aux médicaments ITPC-MENA : « Techniquement, il n’y a aucun obstacle pour démarrer la production au niveau national, c’est juste une question de volonté politique. Même si le Tocilizumab est protégé jusqu’en 2028 par un brevet d’invention au Maroc, le laboratoire a notifié qu’il ne ferait pas valoir ses droits conférés par le brevet dans les pays en développement durant la pandémie du COVID-19 1 . Détenir un brevet et ne pas mettre sur le marché un produit donne le droit au Maroc de déclencher le mécanisme de licence d’office (Article 67 de la loi 17-97) afin d’autoriser la production de génériques ».

Pour l’aspect production, nos associations rappellent que nous disposons d’une industrie forte qui a prouvé par le passé (Hépatite virale B et C) et encore récemment (vaccins anti COVID-19) sa capacité de produire quand elle bénéficie d’un accompagnement et d’un soutien politique.

Durant la récente campagne électorale, mais également dans le processus du Rapport pour le Nouveau modèle de développement, l’accès à la santé a été au cœur des préoccupations des citoyens marocains. Les associations membres du Collectif pour le droit à la santé interpellent le gouvernement sortant, comme celui entrant, de saisir l’opportunité de palier à la rupture du Tocilizumab en opérationnalisant nos mécanismes juridiques et en exploitant nos capacités industrielles et ce pour répondre aux attentes des citoyens et soulager la souffrance de milliers de malades et leurs familles.

1 https://healthpolicy-watch.news/roche-suspends-patents-on-tocilizumab-for-lmics-
after-who-recommends-it-as-treatment-for-severe-covid/

Pour plus d’information contacter Mme. Marwa El Harrar sur : marwa.elharrar@itpcmena.org