ViiV Healthcare étend la licence du dolutegravir au Maroc suite à la pression des associations

Après plusieurs mois de plaidoyer intense, le laboratoire ViiV Healthcare a annoncé, le 25 avril 2016, l’intégration du Maroc à sa licence volontaire donnant le droit d’accès à des versions génériques du dolutegravir. Un nouveau médicament antiretroviral très prometteur contre le VIH.

Cette extension permettra au Maroc de bénéficier de la molécule, de laquelle notre pays était jusqu’à présent privé. En effet un brevet sur le dolutegravir octroyé par le Maroc bloquait l’accès à des versions génériques de la molécule jusqu’en 2026, tandis que le dolutegravir de marque, vendu à $14.000 par patient et par an, nous était largement inaccessible.

Les premiers prix annoncés par les génériqueurs se situent quant à eux à 44$ par patient et par an pour. Ces versions génériques devraient être commercialisées au Maroc en 2017. « Le dolutegravir est une molécule extrêmement intéressante que nous attendions impatiemment. Très efficace, elle produit très peu d’effets secondaires et est recommandée depuis décembre 2015 par l’OMS pour les traitements de première et deuxième ligne. Enfin nous allons pouvoir en faire bénéficier nos patients, nous accueillons cette nouvelle avec grand soulagement », a déclaré Othman Mellouk, chargé des questions de propriété intellectuelle et accès aux médicaments.

Il est à rappeler qu’en 2014, ViiV avait signé une licence volontaire avec le Medicines Patent Pool autorisant des génériqueurs à produire des versions génériques pour les pays à ressources limitées mais le Maroc était exclus de la liste des pays éligibles ce qui a suscité l’indignation de nos associations.

Le 1^er décembre 2015, l’ALCS et ITPC-MENA ont lancé un appel au ministère de la Santé au Maroc pour utiliser son droit d’émettre une licence obligatoire levant la protection par le brevet sur la molécule et ouvrant la porte à l’import de versions génériques. Une grande campagne de solidarité avec le Maroc et d’autres pays Nord Africains exclus de la licence a eu lieu à la conférence Africaine contre le sida qui s’est tenue à Harare au Zimbabwe en décembre 2015.

« Depuis notre campagne en décembre, nous avons entamé un dialogue avec le laboratoire ViiV. Plusieurs réunions ont eu lieu pendant lesquelles le laboratoire a refusé dans un premier temps l’idée d’élargir la licence à d’autres pays préférant une négociation du prix du princeps au cas par cas. Nous nous réjouissons d’avoir finalement obtenu gain de cause. Malheureusement, cette victoire est incomplète puisque d’autres pays de notre région restent exclus d’accès à ce médicament : Algérie, Jordanie, Liban et Iraq », a déclaré Mohamed Msefer directeur de ITPC-MENA.