L’ALCS, ITPC Afrique du Nord et le CSAT-MENA dénoncent le désengagement des pays donateurs à la veille de la Journée Mondiale contre le Sida
Cinq mois seulement après la déclaration politique de New York 2011 , les pays donateurs renoncent déjà à leur engagement de mettre 15 Millions de séropositifs sous traitement d’ici 2015 en annulant le 11ème cycle de financement du Fonds Mondial.Communiqué de presse conjoint :
ALCS – ITPC Afrique du Nord – CSAT MENA
Casablanca le 29 novembre 2011 :
C’est dans un climat de déception, de frustration et d’inquiétude que nos organisations célèbrent cette année la journée mondiale contre le sida, placée pourtant sous un thème ambitieux : « Objectif zéro: zéro nouvelle infection à VIH, zéro discrimination, zéro décès lié au sida ». Un objectif auquel nous adhérons tous et qui nécessite une mobilisation de ressources financières exceptionnelle.
Or le 22 novembre à Accra, le Conseil d’administration du Fonds Mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a décidé, sous la pression des pays donateurs , d’annuler le 11ème cycle de financement qui sera repoussé au delà de 2013 et d’exclure l’éligibilité d’un certain nombre de pays au financement. Le Fonds mondial constitue aujourd’hui l’un des bailleurs principaux des programmes de prévention et de traitement du VIH dans le monde et représente la source principale de financement dans la région Afrique du Nord et Moyen Orient . Il traverse depuis 2008 une crise de financement sans précédent.
Pour Othman Mellouk, chargé de plaidoyer auprès de la coalition ITPC : « En prenant cette décision les pays riches sont entrain de renoncer à leur engagement pris il y a à peine cinq mois ». En effet, en juin 2011, les pays membres des Nations Unis ont adopté une déclaration politique s’engageant à mettre 15 millions de séropositifs sous traitement d’ici 2015 et à mobiliser les ressources financières nécessaires pour atteindre cet objectif.
L’annulation du 11ème cycle de financement, prévu en 2011 et déjà repoussé une première fois à 2012, pourrait avoir des conséquences sérieuses sur certains pays notamment de la région MENA. Selon Nadia Rafif, coordinatrice du CSAT-MENA : « Neuf pays de notre région avaient établi des plans pour améliorer leurs programmes de prévention et de traitement en prévision du soutien du Fonds Mondial en 2012. Cette annulation signifie soit un retard de financement d’activités pourtant urgentes, soit tout simplement un arrêt de certaines jusqu’au prochain cycle en 2014 voire 2015 ».
Les pays comme le Maroc non concernés par le 11ème cycle ne sont pas pour autant épargnés. « Il est tout à fait envisageable que le Fonds Mondial revoie à la baisse des subventions déjà en cours, voire en arrête certaines à mi-parcours si la crise dure comme pour l’Argentine et la Russie. Cela a même été envisagé au dernier Conseil d’Administration du Fonds pour la Tunisie et la Jordanie ; mais nous l’avons évité de justesse grâce à notre mobilisation », souligne Hakima Himmich, présidente de l’ALCS.
En cette Journée Mondiale contre le Sida, l’ALCS, ITPC Afrique du Nord et le CSAT-MENA lancent un appel aux pays du Nord les plus riches, ainsi qu’aux pays du Golfe, pour honorer leurs engagements pris à New York en juin dernier et mobiliser les ressources financières nécessaires pour atteindre l’objectif de traiter 15 Millions de personnes en 2015. Les trois organisations appellent les pays de la région MENA et notamment le Maroc , à augmenter progressivement la contribution de l’Etat dans les programmes de lutte contre le sida et à diversifier leurs sources de financement pour éviter toute dépendance vis à vis d’un bailleur ou un autre.
Communiqué de presse : http://www.itpcmena.org/IMG/pdf/cp_conjoint_1er_dec.pdf