ITPC-MENA et l’ATL Tunis exigent de Gilead et BMS d’ouvrir l’accès aux nouveaux traitements du VHC au Maroc, Tunisie et la région MENA
En ce 28 juillet 2015, la communauté internationale célèbre la journée mondiale contre les hépatites placée cette année par l’Organisation mondiale de la santé sous le thème de la prévention. A cette occasion, la Coalition internationale pour la préparation au traitement dans la région Afrique du Nord et Moyen Orient (ITPC-MENA) et l’Association Tunisienne de lutte contre les MST et le sida (ATL-Tunis), tout en reconnaissant l’importance de la prévention, tirent la sonnette d’alarme sur l’urgence de mettre en place des programmes d’accès au traitement et exigent des laboratoires pharmaceutiques Gilead Sciences (Gilead) et Bristol-Myers Squibb (BMS) de cesser leur politique discriminatoire à l’égard des malades du Maroc, de Tunisie et de la région MENA et de rendre les traitements disponibles dans les plus brefs délais.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), 17 millions de personnes souffrent d’une infection chronique par le virus de l’hépatite virale C (VHC) et environ 800.000 nouvelles infections sont enregistrées dans la région Afrique du Nord et Moyen Orient (MENA). L’épidémie du VHC dans la région est responsable de plus des décès que les épidémies du VIH, tuberculose et paludisme réunies.
« L’arrivée d’une nouvelle classe de médicaments dits Agents antiviraux à action directe (AAD), constitue une véritable révolution thérapeutique. La durée du traitement est relativement courte permettant de guérir de l’infection en 12 semaines. Ces médicaments ont très peu d’effets secondaires, moins chers à fabriquer, et beaucoup plus efficaces que les traitements jusque là disponibles (98% contre 50% par le passé) », a déclaré Othman Mellouk, chargé des questions de propriété intellectuelle et accès aux traitements à ITPC.
« La combinaison du sofosbuvir (produit par le laboratoire Gilead) et le daclatasvir (produit par BMS) constitue une bonne option pour les pays à ressources limitées. Ce traitement est efficace sur tous les génotypes de virus, chez les personnes à un stade avancé de la maladie, toléré chez les personnes co-infectées par le VIH et le cout de production est relativement faible par rapport aux traitements disponibles à ce jour. Malheureusement, malgré nos appels répétés, les laboratoires pharmaceutiques Gilead et BMS refusent toujours de mettre ces médicaments à la disposition de nos malades à un prix abordable », a déclaré Bilel El Mahjoubi, directeur de l’ATL Tunis.
« Nous sommes choqués par l’indifférence de Gilead et BMS face à la détresse des malades de nos pays et chaque jour qui passe est une occasion manquée pour éviter des décès inutiles et prévenir des nouvelles infections par le VHC en permettant de soigner les personnes atteintes et susceptibles de transmettre le virus du VHC », a déclaré le Pr. Ridha Kamoun, président de l’ATL.
En cette journée mondiale contre les hépatites, ITPC-MENA et l’ATL exigent des laboratoires Gilead et BMS de cesser leurs politiques discriminatoires à l’égard des malades du Maroc, de la Tunisie et de tous les pays de la région MENA. Gilead et BMS doivent réviser leur programme d’accès aux médicaments dans les pays en développement et inclure désormais le Maroc, la Tunisie et tous les pays à ressources limitées de la région MENA dans le territoire de couverture de leur licences volontaires accordées aux fabricants de médicaments génériques.
En effet, en 2014 Gilead a accordé une licence volontaire à des laboratoires Indiens pour produire des versions génériques à un prix abordable pour certains pays en développement mais en interdisant formellement de fournir les pays de la région MENA à l’exception d’Egypte. Un peu plus tard, BMS a annoncé son intention d’émettre une licence encore plus restrictive que celle de Gilead et qui exclut même l’Egypte, un des pays les plus touchés au monde (41% des cas enregistrés dans la région MENA).
Depuis le 25 septembre 2014 ITPC-MENA et l’ATL ne cessent de lancer et d’inciter les gouvernements de la région de prendre toutes les mesures nécessaires pour rendre les nouveaux traitements disponibles à tous les malades qui en ont besoin dans les plus brefs délais. Avec les nouvelles avancées thérapeutiques disponibles aujourd’hui, l’éradication de l’épidémie du VHC est possible.