Appel à candidature aux ONG pour l’organisation d’un événement de collecte de fonds pour la lutte contre le sida en Égypte, au Maroc et en Tunisie

  1. CONTEXTE ET RATIONNEL

Mobilisation des ressources financières 

Au cours des dernières années, l’un des enjeux les plus importants auxquels sont soumises les organisations de la société civile, quels que soient leurs secteurs d’intervention, réside dans la recherche et la sécurisation de ressources financières en rapport avec leurs objectifs. Cet enjeu devient encore plus sensible lorsqu’il est question de structures intervenant dans un but humanitaire ou de santé publique, comme c’est le cas s’agissant de la lutte contre le sida. Soit, une activité où toute défaillance en ressources disponibles peut se traduire par des reculs dramatiques, affectant directement les bénéficiaires et aussi l’ensemble de la communauté à laquelle ils appartiennent. Ceci impose, dans des pays à revenu national moyen ou faible et dans une phase de limitation de ressources publiques affectées aux secteurs sociaux et aussi de forte concurrence pour accéder à des financements internationaux, de recourir à des ressources alternatives. Celles-ci ne peuvent être mobilisées que grâce à des stratégies novatrices, pertinentes et structurées, menées auprès du grand public et aussi auprès d’instances publiques, semi-publiques et privées, nationales et internationales, qui auraient été convaincues de la nécessité de contribuer à la cause qu’elles ont été invitées à soutenir. En l’occurrence ici, lutter contre l’épidémie du VIH-sida et aider les populations clés, plus exposées au risque d’infection, ainsi que les personnes qui ont été infectées et/ou affectées à s’en sortir.

Contexte régional de la mobilisation des ressources

Déjà bien difficile avant 2020, la situation économique, financière et sociale dans la région MENA, dont la plupart des pays sont à revenu intermédiaire, a connu une forte dégradation depuis le début de la pandémie. Ainsi, selon la Banque mondiale, la COVID-19 a plongé davantage de personnes dans la région dans la pauvreté. Et toutes estimations disponibles indiquent que la crise sanitaire a touché de manière disproportionnée les pauvres et toutes les catégories en position de précarité au sein de la société, dont les populations clés plus exposées au risque d’infection par le VIH.

Dans ce sens, et même s’il est encore très difficile de mesurer l’ampleur exacte des pertes de revenus et de l’augmentation de la prévalence de la pauvreté, on estime qu’environ 12 à 15 millions de personnes sont tombées dans la pauvreté en 2020 dans la région MENA, et ce nombre pourrait avoir atteint plus de 23 millions au mois d’avril 2021[1].

S’agissant de l’Égypte, le Maroc et la Tunisie, tous les trois se sont retrouvés confrontés à un coup soudain porté à leurs économies pendant la pandémie, entraînant une forte baisse de leur PIB. Marqués également par l’existence d’un secteur économique informel très important, où les populations survivent dans des conditions très précaires, ils ont enregistré une augmentation significative du nombre de chômeurs en leur sein.

Situation Épidémiologique du VIH/sida

En 2010, la communauté internationale a énoncé la vision des 3 Zéros : Zéro nouvelles infections, Zéro décès liés au sida et Zéro discrimination, pour 2015. Loin d’être atteinte, ladite vision s’est inscrite dans le post 2015, soit l’objectif de développement durable (ODD 3) « Permettre à tous de vivre en bonne santé et promouvoir le bien-être de tous à tout âge », cible 3.3. :

« D’ici à 2030, mettre fin à l’épidémie de sida, à la tuberculose, au paludisme et aux maladies tropicales négligées et combattre l’hépatite, les maladies transmises par l’eau et autres maladies transmissibles ».

A fin 2019, on a estimé à 38 millions le nombre de personnes vivant avec le VIH (PVVIH) dans le monde, parmi elles 25,4 millions ont reçu un traitement antirétroviral (TARV). Le nombre de nouvelles infections était estimé à 1,7 million, dont 62% étaient survenues chez les populations clés et leurs partenaires sexuels. Le nombre de décès liés au sida était alors estimé à 690.000. Ceci montre l’écart important en termes d’atteinte des objectifs de la stratégie 90-90-90 pour l’accélération de la riposte en 2020, notamment la réduction des nouvelles infections et du nombre de décès liés au sida à moins de 500 000 et l’élimination de toute forme de stigmatisation et discrimination à l’égard des PVVIH[2].

Des progrès ont été enregistrés en matière de riposte au VIH/sida à l’échelle globale, notamment la réduction des nouvelles infections de 23% par rapport à 2010, vu leur diminution importante en Afrique de l’Est et Australe (38%). Cependant, celles-ci ont augmenté dans d’autres régions : 72% en Europe de l’Est et en Asie centrale, 22% au Moyen Orient et Afrique du Nord (MENA) et 21% en Amérique Latine.

Situation épidémiologique du VIH/sida dans la région MENA

A fin 2019, la Région MENA regroupait 240 000 PVVIH et avait enregistré 20000 nouvelles infections et 8 000 décès liés au sida. Au cours de la même année 92 200 PVVIH avaient reçu un TARV. Si l’on considère la stratégie 90-90-90, la moitié seulement, soit 52% des PVVIH connaissaient leur statut sérologique, 38% parmi elles avaient bénéficié du TARV (contre 73% à l’échelle globale) et 32% étaient arrivées à la suppression virale.

La région MENA accuse, dans la majorité des pays, en l’occurrence ceux concernés par la présente subvention du Fonds mondial, soit l’Égypte, le Maroc et la Tunisie, un profil épidémiologique hétérogène, avec une faible prévalence du VIH dans la population générale (< 1%) et une épidémie concentrée parmi les populations clés et leurs partenaires sexuels. Quarante-trois pour cent (43%) des nouvelles infections se produisent parmi les personnes qui s’injectent des drogues (PID), 23% chez les hommes ayant des relations sexuelles avec des hommes (HSH) ; 12% chez les professionnelles du sexe féminin (PSF), 19% chez les partenaires sexuels des PSF et des autres populations clés et 3% dans le reste de la population.

S’agissant des 3 pays concernés, la prévalence du VIH est inférieure à 0,1% dans la population générale, mais plus élevée parmi les populations clés. Elle est supérieure à 1% parmi les PSF au Maroc et en Tunisie et dépasse les 2% en Egypte. L’épidémie est concentrée (>5%) parmi les HSH en Egypte (6,7%) et en Tunisie (6%) et chez les PID au Maroc (7%).

L’étude multi-pays « Learn MENA »[3], qui a concerné 7 pays de la région, dont l’Egypte, le Maroc et la Tunisie, a bien montré le lien entre la violence basée sur le genre et le VIH. Près de la moitié des participantes (46%) ont déclaré que la violence ou la peur de la violence les ont rendues incapables de se protéger contre l’infection et 34% ont rapporté avoir été victimes de violence en milieu de soins.

Aussi les trois pays ont-ils rapporté la persistance d’attitudes stigmatisantes et discriminatoires envers les PVVIH[4][5].

Par rapport à l’ensemble des PVVIH dans les 3 pays, le rythme de progression vers l’accélération de la riposte, diffère de l’un à l’autre. (Voir Tableau 1).

Tableau 1 : Progression vers l’atteinte des trois 90 et pTME (Egypte, Maroc et Tunisie- Fin 2019)[6].

PaysEgypteMarocTunisie
Nombre de PVVIH26 00021 0006 500
PVVIH qui connaissent leur statut sérologiqueND*77%20%
PVVIH recevant un TARV32%70%20%
PVVIH bénéficiant du TARV dont la charge virale a été suppriméeND*64%ND*
Couverture par le TARV pour pTME16%73%32%

*ND : Non disponible

Entre 2010 et 2019, en dehors du Maroc où les nouvelles infections ont diminué de 31%, celles-ci ont augmenté de 421% en Egypte et de 29% en Tunisie. Il en est de même pour le nombre de décès liés au sida qui a diminué de 46% au Maroc et augmenté de 88% en Egypte et de 328% en Tunisie[7].

Synthèse de la situation au niveau des 3 pays

La situation épidémiologique du VIH au niveau de l’Egypte, du Maroc et de la Tunisie témoigne de la nécessité de renforcement des programmes de prévention auprès des populations clés, où se produisent plus de 60% des nouvelles infections et l’adoption du concept de prévention combinée avec ses différents volets afin d’arriver à cerner le cours de l’épidémie.

L’exercice d’analyse des dépenses liées au sida (NASA : National AIDS Spending Assessment), mené dans les 3 pays et dont le dernier date de 2008 en Egypte, 2011 en Tunisie et 2017 au Maroc a montré que le financement des programmes de prévention auprès des populations clés est supporté par les donateurs internationaux, en l’occurrence le Fonds mondial.

La situation, aussi bien épidémiologique (faible niveau de prévalence à l’échelle nationale) qu’économique (pays à revenu intermédiaire) des 3 pays contraint leur éligibilité aux financements externes, notamment internationaux, particulièrement au Fonds mondial. Ces pays doivent se préparer à une transition vers les financements internes et soutenir les organisations de la société civile, or leur situation économique s’est dégradée avec l’épidémie du COVID 19.

Dans les 3 pays, on sait comment traiter et prévenir l’infection, mais ce qui manque, ce sont des politiques inclusives permettant un développement institutionnel, afin de garantir l’équité d’accès aux services et le droit à la santé pour tous.

Pour sa part, la société civile doit déployer des efforts importants et innovants, pour développer et suivre des modalités efficientes pour la mobilisation de ressources financières et assurer leur pérennité. La garantie des ressources constitue une composante fondamentale de l’exécution d’un programme de prévention auprès des populations clés et vulnérables en vue d’assurer leur accès aux différents services sociaux et soins de santé. Autrement dit, les modalités suivies sont au centre même de tout processus programmatique, lequel ne peut être mené à bien sans des ressources suffisantes, disponibles dans un horizon prévisible. Ce qui signifie que tout programme cohérent d’activités sur le terrain doit être soutenu par des fonds à la fois en rapport avec les dépenses qui en découlent et avec leur durée, dans le temps. Et l’une des garanties de la durabilité des ressources réside dans la diversité de leurs origines. Pour la raison essentielle que la diversification et la multiplication des sources de financement permet la réalisation des objectifs fixés, pour peu que ceux-ci soient clairement identifiés et portés par des ressources humaines qualifiées et confiantes en leurs moyens.

C’est dans ce cadre que s’inscrit cet appel aux ONG de lutte contre le sida, en Égypte, au Maroc et en Tunisie. Il permettra également de contribuer au programme de renforcement des activistes « Activists Developpment Program » (ADP), lancé par ITPC-MENA en mai 2021 et ce, par l’échange d’expérience et la formation par l’ONG de ses propres membres, ainsi que des stagiaires en provenance d’autres ONG de la Région.

  1. OBJECTIFS

Objectif général

Organiser un événement pour la collecte de fonds pour la lutte contre le sida en Égypte, au Maroc et en Tunisie

Objectifs spécifiques

  • Définir et présenter – moins de 12 pages –  un événement de mobilisation des ressources financières (Soirée de Gala, Kermesse, journée portes-ouvertes, autres…).
  • Présenter le programme de l’événement de mobilisation des fonds et les modalités d’organisation.
  • Présenter un résumé (2 pages) du projet d’utilisation des fonds et montrer comment cet événement s’inscrit dans une vision de pérennisation des ressources collectées ou promises (vision, objectifs, résultats attendus et période prévue pour l’exécution des fonds collectés).
  • Décrire les technologies et moyens qui seront utilisés pour soutenir l’événement (Médias, Brochures, téléphonie mobile…).
  • Présenter un programme de formation et renforcement des activistes : démontrer comment l’organisation de cet événement contribuera au renforcement des compétences des membres de l’ONG elle-même, ainsi que de ceux en provenance d’autres associations régionales, qu’ITPC-MENA aura sélectionné auparavant pour participer à ce processus.
  1. CONDITIONS REQUISES

Pour l’organisation d’un tel évènement, l’ONG qui sera retenue devra remplir les conditions suivantes :

  • Être une association thématique officiellement reconnue, œuvrant dans le domaine des IST/sida et/ou de santé sexuelle et reproductive ou de réduction de risques auprès des usagers de drogues ;
  • Disposer d’un Bureau, de ressources humaines compétentes, nécessaires pour l’exécution des programmes et des fonds qui les couvrent ;
  • Apporter la preuve d’une grande proximité avec les populations clés et de la mise en œuvre de programmes de prévention sur le terrain ;
  • Disposer de programmes d’orientation et d’accompagnement des populations clés vers les structures de soins de santé et/ou secteurs sociaux ;
  • Disposer de programmes d’appui psychologique et social et/ou juridique aux populations vulnérables, victimes de violences et/ou personnes vivant avec le VIH.

Les critères suivants seront considérés comme des atouts :

  • Avoir une dimension nationale, en disposant de sections dans différentes régions ;
  • Faire valoir une expérience reconnue dans la mobilisation de ressources financières pour la lutte contre le sida ou des activités similaires ;
  • Avoir une grande ouverture sur les médias, écrits, audio-visuels et digitaux ;
  • Disposer d’une expérience reconnue dans l’organisation d’évènements grands-publics et à caractère associatif ;
  • Avoir une connaissance avérée dans les techniques de mobilisation de ressources financières ;
  • Faire partie d’un Réseau Régional ou International d’ONG de lutte contre le sida ;
  • Être bénéficiaire du programme d’appui du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ;
  • Faire part d’un partenariat reconnu avec des organismes des Nations Unies (OMS, ONUSIDA, UNFPA, etc…) et des ONG internationales (OXFAM, Caritas, etc…) ou organismes de coopération bilatérale.
  1. LIVRABLES ATTENDUS :

Un document présentant le projet d’événement de collecte de fonds pour la lutte contre le sida, comportant les principaux éléments suivants :

  • Vision, objectifs, résultats attendus ;
  • Modalités d’organisation et de déroulement de l’événement (si possible début novembre 2021  et lieu, ressources nécessaires, encadrement, mesures de sécurité, mesures de prévention et de distanciation sociale, si encore nécessaires) ;
  • Programme et modalités d’implication des membres de l’ONG et des stagiaires en provenance d’autres associations (préciser le nombre de participants que l’ONG pourrait recevoir) ;
  • Un listing des personnes-ressources, ONG, autres organismes à inviter ;
  • BUDGET

Le budget qui sera alloué à l’ONG qui sera sélectionnée pour l’organisation de l’événement est de 9.000 $ US dans chaque pays.

Les frais de prise en charge des stagiaires d’autres ONG seront couverts par ITPC-MENA, dans le cadre du Programme de renforcement des activistes (ADP).

  • CONDITIONS DE SOUMISSION

Les ONG intéressées doivent présenter :

  • Les documents administratifs de l’ONG (inscription et statut, organigramme, ressources humaines par profil)
  • Un document technique (domaine d’intervention et programmes mis en œuvre sur le terrain)
  • Autres documents rentrant dans le cadre de cette soumission (organisation d’un événement de collecte de fonds, conventions de partenariat…)
  • Offre technique relative à l’organisation de l’événement, répondant aux critères cités dessus.
  • Soumission de la candidature

Les candidat·es sont invité·es à déposer leur offre au plus tard le 05/08/2021 à 23h59 heure Marrakech, par email exclusivement à :

Objet du mail : « TDR ITPC-MENA Collecte de fonds_ Candidature NOM Prénom »

Tout dossier incomplet ou reçu en dehors des délais établis ne sera pas examiné.

  1. Critères de d’attribution

La proposition retenue sera attribuée à l’offre jugée techniquement la mieux disante, c’est-à-dire techniquement la meilleure (qualité de la proposition, qualité du programme proposé, expériences de la structure postulante) et financièrement réaliste (coûts unitaires en accord avec les coûts du marché́ et coût total inférieur au budget disponible).

Avant attribution finale, la structure présentant l’offre jugée les mieux disante pourra être amené́e à échanger afin d’affiner leur proposition technique et financière.

2.      Calendrier de l’appel à candidature

  • Mise en ligne de l’appel à candidature : 17 Juillet 2021
  • Clôture de l’appel à candidature : 04 août  2021
  • Entretiens des candidats : Entre le 9 et 11 août 2021
  • Sélection finale : 13 août 2021
  • Date indicative de début de la prestation : les évènementiels devront avoir lieu entre le 5 et 15 Novembre 2021 (deadline Rédhibitoire)